Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/398

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Madame de Grandchamp a eu peur, comme moi, que ce ne fut le commencement d’une indisposition ; mais il n’en est rien, c’est tout bonnement, à ce qu’il paraît, le résultat d’une nuit passée sans sommeil.

GERTRUDE.

Eh bien ! Pauline, comment te sens-tu ?

PAULINE.

J’ai dormi !… Et madame était ici pendant que je dormais… (Elle se lève.) Ah ! (Elle met la main sur sa poitrine.) Ah ! c’est infâme ! (À Vernon.) Docteur, auriez-vous été complice de…

GERTRUDE.

De quoi ? Qu’allez-vous lui dire ?

VERNON.

Moi ! mon enfant, complice d’une mauvaise action ? et contre vous, que j’aime comme si vous étiez ma fille. Allons donc !… Voyons, dites-moi…

PAULINE.

Rien, docteur, rien !

GERTRUDE.

Laissez-moi lui dire deux mots.

VERNON, à part.

Quel est donc l’intérêt qui peut empêcher une jeune fille de parler, quand elle est victime d’un pareil guet-apens ?

GERTRUDE.

Eh ! bien, Pauline, vous n’avez pas eu longtemps en votre possession les preuves de l’accusation ridicule que vous vouliez porter à votre père contre moi !

PAULINE.

Je comprends tout, vous m’avez endormie pour me dépouiller.

GERTRUDE.

Nous sommes aussi curieuses l’une que l’autre, voilà tout. J’ai fait ici ce que vous avez fait chez Ferdinand.

PAULINE.

Vous triomphez, Madame, mais bientôt ce sera moi.

GERTRUDE.

Ah ! la guerre continue.

PAULINE.

La guerre, Madame ?… dites le duel ! L’une de nous est de trop.