Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/413

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Scène XVI.

Les mêmes, GODARD, FÉLIX.
FÉLIX.

M. Godard demande s’il peut être reçu ?

(Du regard on interroge Pauline pour savoir s’il peut entrer.)
PAULINE.

Certainement !

GERTRUDE.

Que vas-tu lui dire ?

PAULINE.

Vous allez voir.

GODARD, entrant.

Ah ! mon Dieu, mademoiselle est indisposée, j’ignorais, et je vais… (On lui fait signe de s’asseoir.) Mademoiselle, permettez-moi de vous remercier avant tout de la faveur que vous me faites en me recevant dans le sanctuaire de l’innocence. Madame de Grandchamp et monsieur votre père viennent de m’apprendre une nouvelle qui m’aurait comblé de bonheur hier, mais qui, je l’avoue, m’étonne aujourd’hui.

LE GÉNÉRAL.

Qu’est-ce à dire, monsieur Godard ?

PAULINE.

Ne vous fâchez pas, mon père, monsieur a raison. Vous ne savez pas tout ce que lui ai dit hier.

GODARD.

Vous êtes trop spirituelle, Mademoiselle, pour ne pas trouver tout simple la curiosité d’un honnête jeune homme qui a quarante mille livres de rente et des économies, de savoir les raisons qui le font accepter à vingt-quatre heures d’échéance d’un refus… car, hier, c’était à cette heure-ci… (Il tire sa montre) cinq heures et demie, que vous…

LE GÉNÉRAL.

Comment vous n’êtes donc pas amoureux comme vous le disiez ? Vous allez quereller une adorable fille au moment où elle vous…

GODARD.

Je ne querellerais pas, s’il ne s’agissait pas de se marier. Un