Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1855, tome 19.djvu/418

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LE GÉNÉRAL.

Tu dis… Tu m’aurais donc trompé ?…

VERNON.

Mon ami, il faut savoir regarder ce lit en face, comme nous regardions les batteries chargées à mitraille !… Eh bien ! dans le doute où je suis, vous devez aller… (À part.) Ah ! quelle idée ! (Haut.) chercher vous-même les secours de la religion.

LE GÉNÉRAL.

Vernon, je veux la voir, l’embrasser.

VERNON.

Prenez garde !

LE GÉNÉRAL, après avoir embrasé Pauline.

Oh ! glacée !

VERNON.

C’est un effet de la maladie, général… Courez au presbytère ; car si je ne réussissais pas, votre fille, que vous avez élevée chrétiennement, ne doit pas être abandonnée par l’Église.

LE GÉNÉRAL.

Ah ! ah ! oui. J’y vais…

(Il va au lit.)
VERNON, lui montrant la porte.

Par là !

LE GÉNÉRAL.

Mon ami, je n’ai plus la tête à moi, je suis sans idées… Vernon, un miracle !… Tu as sauvé tant de monde, et tu ne pourrais pas sauver une enfant !

VERNON.

Viens, viens. (À part.) Je l’accompagne, car s’il rencontrait les magistrats, ce seraient bien d’autres malheurs.

(Ils sortent.

Scène .III

PAULINE, FERDINAND.
PAULINE.

Ferdinand !

FERDINAND.

Ah ! mon Dieu ! serait-ce son dernier soupir ? Oh ! oui, Pauline, tu es ma vie même : si Vernon ne te sauve pas, je te suivrai, nous serons réunis.

PAULINE.

Alors, j’expire sans un seul regret.