Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 11.djvu/240

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CHAZELLE (entrant son chapeau sur la tête et sans voir Baudoyer).

Le père La Billardière est enfoncé, messieurs ! Rabourdin est Chef de Division, maître des requêtes ! il n’a pas volé son avancement, celui-là…

BAUDOYER (à Chazelle).

Vous avez trouvé cette nomination dans votre second chapeau, monsieur, n’est-ce pas ? (Il lui montre le chapeau qui est à sa place). Voilà la troisième fois depuis le commencement du mois que vous venez après neuf heures ; si vous continuez ainsi, vous ferez du chemin, mais savoir en quel sens ! (À Bixiou qui lit le journal). Mon cher monsieur Bixiou, de grâce laissez le journal à ces messieurs qui s’apprêtent à déjeuner, et venez prendre la besogne d’aujourd’hui. Je ne sais pas ce que monsieur Rabourdin fait de Gabriel ; il le garde, je crois, pour son usage particulier, je l’ai sonné trois fois. (Baudoyer et Bixiou rentrent dans le cabinet.)

CHAZELLE.

Damné sort !

PAULMIER (enchanté de tracasser Chazelle).

Ils ne vous ont donc pas dit en bas qu’il était monté ? D’ailleurs ne pouviez-vous regarder en entrant, voir le chapeau à votre place, et l’éléphant…

COLLEVILLE (riant).

Dans la ménagerie.

PAULMIER.

Il est assez gros pour être visible.

CHAZELLE (au désespoir).

Parbleu, pour quatre francs soixante-quinze centimes que nous donne le gouvernement par jour, je ne vois pas que l’on doive être comme des esclaves.

FLEURY (entrant).

À bas Baudoyer ! vive Rabourdin ! voilà le cri de la Division.

CHAZELLE (s’exaspérant).

Baudoyer peut bien me faire destituer s’il le veut, je n’en serai pas plus triste. À Paris, il existe mille moyens de gagner cinq francs par jour ! on les gagne au Palais à faire des copies pour les avoués…

PAULMIER (asticotant toujours Chazelle).

Vous dites cela, mais une place est une place, et le courageux