Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 11.djvu/244

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tra des Lupeaulx, que pour vous la seule place libre est la place de la Concorde.

PAULMIER (tenant le tuyau du poêle embrassé).

Parbleu, Baudoyer ne nous fera pas grâce, allez !…

FLEURY.

Encore une vexation de Baudoyer ! Ah ! quel singulier pistolet vous avez là ! Parlez-moi de monsieur Rabourdin, voilà un homme. Il m’a mis de la besogne sur ma table, il faudrait trois jours pour l’expédier ici… eh ! bien, il l’aura pour ce soir, à quatre heures. Mais il n’est pas sur mes talons pour m’empêcher de venir causer avec les amis.

BAUDOYER (se montrant).

Messieurs, vous conviendrez que si l’on a le droit de blâmer le système de la Chambre ou la marche de l’Administration, ce doit être ailleurs que dans les Bureaux ! (Il s’adresse à Fleury.) Pourquoi venez-vous ici, monsieur ?

FLEURY (insolemment).

Pour avertir ces messieurs qu’il y a du remue-ménage ! Du Bruel est mandé au secrétariat-général, Dutocq y va ! Tout le monde se demande qui sera nommé.

BAUDOYER (en rentrant).

Ceci, monsieur, n’est pas votre affaire, retournez à votre Bureau, ne troublez pas l’ordre dans le mien…

FLEURY (sur la porte).

Ce serait une fameuse injustice si Rabourdin la gobait ! Ma foi ! je quitterais le Ministère (il revient). Avez-vous trouvé votre anagramme, papa Colleville ?

COLLEVILLE.

Oui, la voici.

FLEURY (se penche sur le bureau de Colleville).

Fameux ! fameux ! Voilà ce qui ne manquera pas d’arriver si le gouvernement continue son métier d’hypocrite. (Il fait signe aux employés que Baudoyer écoute) Si le Gouvernement disait franchement son intention sans conserver d’arrière-pensée, les Libéraux verraient alors ce qu’ils auraient à faire. Un gouvernement qui met contre lui ses meilleurs amis, et des hommes comme ceux des Débats, comme Châteaubriand et Royer-Collard ! ça fait pitié !