Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 11.djvu/319

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BIXIOU (en regardant Dutocq).

Il faut vous laver de ce reproche, mon cher. (Tous les employés contemplent fixement Dutocq.)

DUTOCQ.

Où est-il, ce petit aspic qui le copiait ?

BIXIOU.

Comment savez-vous qu’il le copiait ? Mon cher, il n’y a que le diamant qui puisse polir le diamant ? (Dutocq sort.)

POIRET.

Écoutez, monsieur Bixiou, je n’ai plus que cinq jours et demi à rester dans les Bureaux, et je voudrais une fois, une seule fois, avoir le plaisir de vous comprendre ! Faites-moi l’honneur de m’expliquer en quoi le diamant est utile dans cette circonstance…

BIXIOU.

Cela veut dire, papa, car je veux bien une fois descendre jusqu’à vous, que de même que le diamant peut seul user le diamant, de même il n’y a qu’un curieux qui puisse vaincre son semblable.

FLEURY.

Curieux est mis ici pour espion.

POIRET.

Je ne comprends pas…

BIXIOU.

Eh ! bien, ce sera pour une autre fois !

Monsieur Rabourdin avait couru chez le ministre. Le ministre était à la Chambre. Rabourdin se rendit à la Chambre des députés, où il écrivit un mot au ministre. Le ministre était à la tribune, occupé d’une chaude discussion. Rabourdin attendit, non pas dans la salle des conférences, mais dans la cour, et se décida, malgré le froid, à se poster devant la voiture de l’Excellence, afin de lui parler quand elle y monterait. L’huissier lui avait dit que le ministre était engagé dans une tempête soulevée par les dix-neuf de l’extrême Gauche, et qu’il y avait une séance orageuse. Rabourdin se promenait dans la largeur de la cour du palais, en proie à une agitation fébrile, et il attendit cinq mortelles heures. À six heures et demie, le défilé commença ; mais le chasseur du ministre vint trouver le cocher.

— Hé ! Jean ! lui dit-il, monseigneur est parti avec le ministre