Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 11.djvu/341

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DES LUPEAULX (après avoir regardé le ministre.).

Il y a sans doute quelque chose à faire…

DE LA BRIÈRE (timidement).

Monsieur Rabourdin a donc raison ?

LE MINISTRE.

Je verrai Rabourdin…

DES LUPEAULX.

Ce pauvre homme a eu le tort de se constituer le juge suprême de l’Administration et des hommes qui la composent ; il ne veut que trois ministères…

LE MINISTRE (interrompant).

Il est donc fou !

LE DÉPUTÉ.

Comment représenterait on, dans les ministères, les chefs des partis à la Chambre ?

BAUDOYER.

Peut-être monsieur Rabourdin changeait-il aussi la constitution ?

LE MINISTRE (devenu pensif prend le bras de La Brière et l’emmène).

Je voudrais voir le travail de Rabourdin ; et puisque vous le connaissez…

DE LA BRIÈRE (dans le cabinet).

Il a tout brûlé, vous l’avez laissé déshonorer, il quitte l’Administration. Ne croyez pas, monseigneur, qu’il ait eu la sotte pensée, comme des Lupeaulx veut le faire croire, de rien changer à l’admirable centralisation du pouvoir.

LE MINISTRE (en lui-même).

J’ai fait une faute. (Il reste un moment silencieux.) Bah ! nous ne manquerons jamais de plans de réforme…

DE LA BRIÈRE.

Ce n’est pas les idées, mais les hommes d’exécution qui manquent.

Des Lupeaulx, ce délicieux avocat des abus, entra dans le cabinet.

— Monseigneur, je pars pour mon élection.

— Attendez ! dit l’Excellence en laissant son secrétaire particulier et prenant le bras de des Lupeaulx avec qui il alla dans l’embrasure de la fenêtre. Mon cher, laissez-moi cet arrondissement, vous serez nommé comte, et je paie vos dettes… Enfin, si, après