Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 12.djvu/91

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Je supplie monsieur de Sérisy d’accepter la charge d’être mon exécuteur testamentaire.

Il sera payé 1o à monsieur l’abbé Carlos Herrera la somme de trois cent mille francs, 2o à monsieur le baron de Nucingen, celle de quatorze cent mille francs, qui sera réduite de sept cent cinquante mille francs, si les sommes soustraites chez mademoiselle Esther se retrouvent.

Je donne et lègue, comme héritier de mademoiselle Esther Gobseck, une somme de sept cent soixante mille francs aux hospices de Paris pour fonder un asile spécialement consacré aux filles publiques qui voudront quitter leur carrière de vice et de perdition.

En outre, je lègue aux hospices la somme nécessaire à l’achat d’une inscription de rentes de trente mille francs en cinq pour cent. Les intérêts annuels seront employés, par chaque semestre, à la délivrance des prisonniers pour dettes dont les créances s’élèveront au maximum à deux mille francs. Les administrateurs des hospices choisiront parmi les plus honorables des détenus pour dettes.

Je prie monsieur de Sérisy de consacrer une somme de quarante mille francs à un monument à élever au cimetière de l’Est à mademoiselle Esther, et je demande à être inhumé auprès d’elle. Cette tombe devra être faite comme les anciens tombeaux, elle sera carrée ; nos deux statues en marbre blanc seront couchées sur le couvercle, les têtes appuyées sur des coussins, les mains jointes et levées vers le ciel. Cette tombe n’aura pas d’inscription. Je prie monsieur le comte de Sérisy de remettre à monsieur Eugène de Rastignac la toilette en or qui se trouve chez moi, comme souvenir.

Enfin, à ce titre, je prie mon exécuteur testamentaire d’agréer le don que je lui fais de ma bibliothèque.

Lucien Chardon de Rubempré. »

Ce testament fut enveloppé dans une lettre adressée à monsieur le comte de Grandville, procureur général de la cour royale de Paris, et ainsi conçue :

« Monsieur le comte,

Je vous confie mon testament. Quand vous aurez déplié cette