Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 13.djvu/56

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Mais il est des citoyens chers à la patrie qui ont été séduits par leurs artifices ; c’est à ces citoyens que sont dues les lumières et la vérité.

Des lois injustes ont été promulguées et exécutées ; des actes arbitraires ont alarmé la sécurité des citoyens et la liberté des consciences ; partout des inscriptions hasardées sur des listes d’émigrés ont frappé des citoyens ; enfin de grands principes d’ordre social ont été violés.

Les consuls déclarent que la liberté des cultes étant garantie par la Constitution, la loi du 11 prairial an III, qui laisse aux citoyens l’usage des édifices destinés aux cultes religieux, sera exécutée.

Le gouvernement pardonnera : il fera grâce au repentir, l’indulgence sera entière et absolue ; mais il frappera quiconque, après cette déclaration, oserait encore résister à la souveraineté nationale. »

— Eh ! bien, disait Hulot après la lecture publique de ce discours consulaire, est-ce assez paternel ? Vous verrez cependant que pas un brigand royaliste ne changera d’opinion.

Le commandant avait raison. Cette proclamation ne servit qu’à raffermir chacun dans son parti. Quelques jours après, Hulot et ses collègues reçurent des renforts. Le nouveau ministre de la guerre leur manda que le général Brune était désigné pour aller prendre le commandement des troupes dans l’ouest de la France. Hulot, dont l’expérience était connue, eut provisoirement l’autorité dans les départements de l’Orne et de la Mayenne. Une activité inconnue anima bientôt tous les ressorts du gouvernement. Une circulaire du ministre de la Guerre et du ministre de la Police Générale annonça que des mesures vigoureuses confiées aux chefs des commandements militaires avaient été prises pour étouffer l’insurrection dans son principe. Mais les Chouans et les Vendéens avaient déjà profité de l’inaction de la République pour soulever les campagnes et s’en emparer entièrement. Aussi, une nouvelle proclamation consulaire fut-elle adressée. Cette fois le général parlait aux troupes.

« Soldats,

Il ne reste plus dans l’Ouest que des brigands, des émigrés, des stipendiés de l’Angleterre.

L’armée est composée de plus de soixante mille braves ; que