Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 13.djvu/58

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un problème. J’ai servi d’abord dans l’artillerie, reprit Beau-pied, mes officiers ne mangeaient que de ça.

— C’est un emblème.

— C’est un problème.

— Gageons !

— Quoi !

— Ta pipe allemande !

— Tope !

— Sans vous commander, mon adjudant, n’est-ce pas que c’est un emblème, et non un problème, demanda La-clef-des-cœurs à Gérard, qui, tout pensif, suivait Hulot et Merle.

— C’est l’un et l’autre, répondit-il gravement.

— L’adjudant s’est moqué de nous, reprit Beau-pied. Ce papier-là veut dire que notre général d’Italie est passé consul, ce qui est un fameux grade, et que nous allons avoir des capotes et des souliers.


CHAPITRE II.

UNE IDÉE DE FOUCHÉ.

Vers les derniers jours du mois de brumaire, au moment où, pendant la matinée, Hulot faisait manœuvrer sa demi-brigade, entièrement concentrée à Mayenne par des ordres supérieurs, un exprès venu d’Alençon lui remit des dépêches pendant la lecture desquelles une assez forte contrariété se peignit sur sa figure.

— Allons, en avant ! s’écria-t-il avec humeur en serrant les papiers au fond de son chapeau. Deux compagnies vont se mettre en marche avec moi et se diriger sur Mortagne. Les Chouans y sont.

— Vous m’accompagnerez, dit-il à Merle et à Gérard. Si je comprends un mot à ma dépêche, je veux être fait noble. Je ne suis peut-être qu’une bête, n’importe, en avant ! Il n’y a pas de temps à perdre.

— Mon commandant, qu’y a-t-il donc de si barbare dans cette carnassière-là ! dit Merle en montrant du bout de sa botte l’enveloppe ministérielle de la dépêche.

— Tonnerre de Dieu ! il n’y a rien si ce n’est qu’on nous embête.

Lorsque le commandant laissait échapper cette expression mi-