Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 14.djvu/379

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les sulfates et les carbonates que fournit son corps dans notre analyse. Ces substances ne seraient-elles pas les traces que laisse en lui l’action du fluide électrique, principe de toute fécondation ?

L’électricité ne se manifesterait-elle pas en lui par des combinaisons plus variées qu’en tout autre animal ? N’aurait-il pas des facultés plus grandes que toute autre créature pour absorber de plus fortes portions du principe absolu, et ne se les assimilerait-il pas pour en composer dans une plus parfaite machine, sa force et ses idées ! Je le crois.

L’homme est un matras. Ainsi, selon moi, l’idiot serait celui dont le cerveau contiendrait le moins de phosphore ou tout autre produit de l’électromagnétisme, le fou celui dont le cerveau en contiendrait trop, l’homme ordinaire celui qui en aurait peu, l’homme de génie celui dont la cervelle en serait saturée à un degré convenable. L’homme constamment amoureux, le portefaix, le danseur, le grand mangeur, sont ceux qui déplaceraient la force résultante de leur appareil électrique. Ainsi, nos sentiments…

— Assez, Balthazar ; tu m’épouvantes, tu commets des sacrilèges. Quoi ! mon amour serait…

— De la matière éthérée qui se dégage, dit Claës, et qui sans doute est le mot de l’Absolu. Songe donc que si moi, moi le premier ! si je trouve, si je trouve, si je trouve ! » En disant ces mots sur trois tons différents, son visage monta par degrés à l’expression de l’inspiré. « Je fais les métaux, je fais les diamants, je répète la nature, s’écria-t-il.

— En seras-tu plus heureux ? cria-t-elle avec désespoir. Maudite Science, maudit démon ! tu oublies, Claës, que tu commets le péché d’orgueil dont fut coupable Satan. Tu entreprends sur Dieu.

— Oh ! oh ! Dieu !

— Il le nie ! s’écria-t-elle en se tordant les mains. Claës, Dieu dispose d’une puissance que tu n’auras jamais. »

À cet argument qui semblait annuler sa chère Science, il regarda sa femme en tremblant.

« Quoi ! dit-il.

— La force unique, le mouvement. Voilà ce que j’ai saisi à travers les livres que tu m’as contrainte à lire. Analyse des fleurs, des fruits, du vin de Malaga ; tu découvriras certes leurs principes qui viennent, comme ceux de ton cresson, dans un milieu qui