Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 15.djvu/476

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opinion, après avoir fait, chacun de notre côté, les mêmes recherches sur la grande et belle figure de Catherine de Médicis. Aussi, ai-je pensé que mes études historiques sur cette reine seraient convenablement adressées à un écrivain qui depuis si longtemps travaille à l’histoire de la Réformation, et que je rendrais ainsi au caractère et à la fidélité de l’homme monarchique, un public hommage, peut-être précieux par sa rareté.

Paris, janvier 1842.

INTRODUCTION.

On crie assez généralement au paradoxe, lorsque des savants, frappés d’une erreur historique, essayent de la redresser ; mais pour quiconque étudie à fond l’histoire moderne, il est certain que les historiens sont des menteurs privilégiés qui prêtent leurs plumes aux croyances populaires, absolument comme la plupart des journaux d’aujourd’hui n’expriment que les opinions de leurs lecteurs.

L’indépendance historique a beaucoup moins brillé chez les laïques que chez les religieux. C’est des Bénédictins, une des gloires de la France, que nous viennent les plus pures lumières en fait d’histoire, pourvu toutefois que l’intérêt des religieux ne fût pas au jeu. Aussi, dès le milieu du dix-huitième siècle, s’est-il élevé de grands et de savants controversistes qui, frappés de la nécessité de redresser les erreurs populaires accréditées par les historiens, ont publié de remarquables travaux. Ainsi, M. de Launoy, surnommé le Dénicheur de saints, fit une guerre cruelle aux saints entrés par contrebande dans l’Église. Ainsi, les émules des Bénédictins, les membres trop peu connus de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, commencèrent, sur des points historiques obscurs, leurs mémoires si admirables de patience, d’érudition et de logique. Ainsi, Voltaire, dans un intérêt malheureux, avec une passion triste, porta souvent la lumière de son esprit sur des préjuges historiques. Diderot entreprit, dans cette visée, un livre trop long sur une époque de l’histoire impériale de Rome. Sans la révolution française, la critique, appliquée à l’histoire, allait peut-être préparer les éléments d’une bonne et vraie histoire de France dont les