Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 16.djvu/267

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s’allument, et se font nuptiales. (Deliciae sap. de am. conj., 19, 20, 21.) Il aperçut alors deux Anges qui vinrent, l’un du Midi, l’autre de l’Orient ; l’Ange du Midi était dans un char attelé de deux chevaux blancs dont les rênes avaient la couleur et l’éclat de l’aurore ; mais quand ils furent près de lui, dans le ciel, il ne vit plus ni les chars ni les chevaux. L’Ange de l’Orient vêtu de pourpre, et l’Ange du Midi vêtu d’hyacinthe accoururent comme deux souffles et se confondirent : l’un était un Ange d’Amour, l’autre était un Ange de Sagesse. Le guide de Swedenborg lui dit que ces deux Anges avaient été liés sur la terre d’une amitié intérieure et toujours unis, quoique séparés par les espaces. Le consentement qui est l’essence des bons mariages sur la terre, est l’état habituel des Anges dans le ciel. L’amour est la lumière de leur monde. Le ravissement éternel des Anges vient de la faculté que Dieu leur communique de lui rendre à lui-même la joie qu’ils en éprouvent. Cette réciprocité d’infini fait leur vie. Dans le ciel, ils deviennent infinis en participant de l’essence de Dieu qui s’engendre par lui-même. L’immensité des cieux où vivent les Anges est telle, que si l’homme était doué d’une vue aussi continuellement rapide que l’est la lumière en venant du soleil sur la terre et qu’il regardât pendant l’éternité, ses yeux ne trouveraient pas un horizon où se reposer. La lumière explique seule les félicités du ciel. C’est, dit-il (Sap., Aug, 7, 15, 26, 27), une vapeur de la vertu de Dieu, une émanation pure de sa clarté, auprès de laquelle notre jour le plus éclatant est l’obscurité. Elle peut tout, renouvelle tout et ne s’absorbe pas ; elle environne l’Ange et lui fait toucher Dieu par des jouissances infinies que l’on sent se multiplier infiniment par elles-mêmes. Cette lumière tue tout homme qui n’est pas préparé à la recevoir. Nul ici-bas, ni même dans le ciel, ne peut voir Dieu et vivre. Voilà pourquoi il est dit (Ex. xix, 12, 13, 21, 22, 23) : La montagne où Moïse parlait au Seigneur était gardée de peur que quelqu’un ne venant à y toucher, ne mourût. Puis encore (Ex. xxxiv, 29-35) : Quand Moïse apporta les secondes Tables, sa face brillait tellement, qu’il fut obligé de la voiler pour ne faire mourir personne en parlant au peuple. La transfiguration de Jésus-Christ accuse également la lumière que jette un Messager du ciel et les ineffables jouissances que trouvent les Anges à en être continuellement imbus. Sa face, dit saint Mathieu (xvii, 1-5) resplendit comme le soleil,