Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 16.djvu/475

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maison voisine et d’en connaître même les amis et les parents ?

Un mari sage ne se logera jamais à un rez-de-chaussée.

Tout homme peut appliquer à son appartement les précautions que nous avons conseillées au propriétaire d’un hôtel, et alors le locataire aura sur le propriétaire cet avantage, qu’un appartement occupant moins d’espace est beaucoup mieux surveillé.

MÉDITATION XV.

DE LA DOUANE.

— Eh ! non, madame, non…

— Car, monsieur, il y aurait là quelque chose de si inconvenant…

— Croyez-vous donc, madame, que nous voulions prescrire de visiter, comme aux barrières, les personnes qui franchissent le seuil de vos appartements ou qui en sortent furtivement, afin de voir s’ils ne vous apportent pas quelque bijou de contrebande ? Eh ! mais il n’y aurait là rien de décent ; et nos procédés, madame, n’auront rien d’odieux, partant rien de fiscal : rassurez-vous.

— Monsieur, la douane conjugale est de tous les expédients de cette Seconde Partie celui qui peut-être réclame de vous le plus de tact, de finesse, et le plus de connaissances acquises a priori, c’est-à-dire avant le mariage. Pour pouvoir exercer, un mari doit avoir fait une étude profonde du livre de Lavater et s’être pénétré de tous ses principes ; avoir habitué son œil et son entendement à juger, à saisir, avec une étonnante promptitude, les plus légers indices physiques par lesquels l’homme trahit sa pensée.

La Physiognomonie de Lavater a créé une véritable science. Elle a pris place enfin parmi les connaissances humaines. Si, d’abord, quelques doutes, quelques plaisanteries accueillirent l’apparition de ce livre ; depuis, le célèbre docteur Gall est venu, par sa belle théorie du crâne, compléter le système du Suisse, et donner de la solidité à ses fines et lumineuses observations. Les gens d’esprit, les diplomates, les femmes, tous ceux qui sont les rares et fervents disciples de ces deux hommes célèbres, ont souvent eu l’occasion de remarquer bien d’autres signes évidents auxquels on reconnaît la pensée humaine. Les habitudes du corps, l’écriture, le son de la voix, les manières ont plus d’une fois éclairé la femme qui aime, le diplomate qui trompe, l’administrateur habile ou le souverain