Page:Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 17.djvu/353

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lumière, que vous eussiez dit d’un miroir. Ses couleurs fines avaient été mises sur les joues comme avec un pinceau. Elle se nommait Cydalise. C’était, comme on va le voir, un pion nécessaire dans la partie que jouait mame Nourrisson contre madame Marneffe.

— Tu n’as pas le bras de ton nom, ma petite, avait dit Jenny Cadine à qui Carabine avait présenté ce chef-d’œuvre âgé de seize ans et amené par elle.

Cydalise, en effet, offrait à l’admiration publique de beaux bras d’un tissu serré, grenu, mais rougi par un sang magnifique.

— Combien vaut-elle ? demanda Jenny Cadine tout bas à Carabine.

— Un héritage.

— Qu’en veux-tu faire ?

— Tiens, madame Combabus !…

— Et l’on te donne, pour faire ce métier-là ?…

— Devine !

— Une belle argenterie ?

— J’en ai trois !

— Des diamants ?

— J’en vends.

— Un singe vert !

— Non, un tableau de Raphaël !

— Quel rat te passe dans la cervelle ?

— Josépha me scie l’omoplate avec ses tableaux, répondit Carabine, et j’en veux avoir de plus beaux que les siens…

Du Tillet amena le héros du dîner, le Brésilien ; le duc d’Hérouville les suivait avec Josépha. La cantatrice avait mis une simple robe de velours. Mais autour de son cou brillait un collier de cent vingt mille francs, des perles à peine distinctibles sur sa peau de camélia blanc. Elle s’était fourré dans ses nattes noires un seul camélia rouge (une mouche !) d’un effet étourdissant et elle s’était amusée à étager onze bracelets de perles sur chacun de ses bras. Elle vint serrer la main à Jenny Cadine, qui lui dit : — Prête-moi donc tes mitaines ?… Josépha détacha ses bracelets et les offrit, sur une assiette, à son amie.

— Quel genre ! dit Carabine, faut être duchesse ! Plus que cela de perles ! Vous avez dévalisé la mer pour orner la fille, monsieur le duc ? ajouta-t-elle en se tournant vers le petit duc d’Hérouville.