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LES IOYEULSETEZ DU ROY.

vieille fille, qui ne sçavoit point estre autant soubz la couleuvrine dudict seigneur. Doncques, un iour de marché franc, il advint que le Roy feit pendre ung ieune bourgeoys de Tours, lequel avoyt violé une dame noble, ung peu aagée, cuydant que c’estoyt une ieune fille. A ce, il n'y avoyt point de mal, et c’eust esté chouse méritoire pour ladicte dame d’avoir esté prinse pour vierge ; mais en recoignoissant s’estre deceu, il l’avoyt abominée de mille iniures ; et, la soupçonnant de ruse, s’estoyt avisé de luy voler ung beau goubelet d’argent vermeil, en loyer du prest qu’il venoyt de lui faire. Ce susdict ieune homme estoyt à tous crins, et si beau que toute la ville le voulut veoir pendre, par manière de regret, et aussy par curiosité. Comptez qu’il y avoyt à la pendaison, plus de bonnets que de chapeaulx. De faict, ledict ieune homme brandilla trez bien ; et, suivant l’us et coustume des pendus de ce temps, mourut en guallant, la lance en arrest, ce dont il feut grant bruit dans la ville. Beaucoup de dames dirent, à ce subiect, que c’estoyt ung meurtre de ne pas avoir conservé une si belle ame de braguette.

— Que diriez-vous si nous mettions le beau pendu dedans le lict de la Godegrand ? demanda la Beaupertuys au Roy.

— Nous l’espouvanterons, respondit Loys unze.

— Nenny ! Sire. Soyez ferme qu’elle accueillera bien ung homme mort, tant elle ha un grant amour d’ung vivant. Hier, ie