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LE CURÉ D’AZAY-LE-RIDEAU



En ce temps-là, les prebstres ne prenoyent plus aulcune femme en légitime mariaige, mais avoyent, à eulx, de bonnes concubines, iolies, si faire se pouvoyt ; ce qui, depuis, leur feut interdict par les conciles, comme ung chascun sçayt, pour ce que, de faict, il n’estoyt pas plaisant que les spéciales confidences des gens feussent racontées à une gouge qui s’en rioyt, oultre les aultres doctrines absconses, ménagemens ecclésiasticques et spéculations qui abundèrent en ce cas de haulte politicque romaine. Le prebstre de nostre pays qui, théologalement, entretint le darrenier une femme dans son presbytère, en la resgallant de son amour scholasticque, feut ung certain curé d’Azay-le-Ridel, endroict trez-agréable nommé plus tard Azay-le-Bruslé, maintenant Azay-le-Rideau, dont le chastel est une des merveilles de Touraine. Ores, ce dict temps où les femmes ne haïoyent pas l’odeur de prebstre n’est point aussy loing que aulcuns le pourroyent penser, car encores estoyt sur le siège de Paris monsieur d’Orgemont, fils du précédent évesque, et les grosses querelles d’Armignacs n’avoyent finé. Pour dire le vray, cettuy curé faisoyt bien d’avoir