Page:Balzac - Contes drolatiques.djvu/232

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.



L’APOSTROPHE



La belle buandière de Portillon-lez-Tours, dont ung mot drolaticque ha desià esté consigné dans ce livre, estoyt une fille dotée de tant de malice, qu’elle avoyt volé celle de six prebstres ou de trois femmes au moins. Aussy les mignons ne luy manquoyent point, et tant en avoyt, qu’eussiez dict, en les voyant autour d’elle, des mousches voulant rentrer le soir dans leur rusche. Ung vieulx taincturier de soyeries qui demeuroit en la rue Montfumier et y possédoyt ung logis scandaleux de richesse, venant de son clos de la Grenadière, situé sur le ioly costeau de Sainct-Cyr, passoyt à cheval devant Portillon pour gaigner le pont de Tours. Lors, par la chaulde soirée qu’il faisoyt, il feut allumé par ung dezir fou, en voyant la belle buandière assise sur le pas de sa porte. Ores, comme depuis longtemps il resvoyt de ceste ioyeuse fille, sa résolution