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CONTES DRÔLATIQUES.

après avoir iuré ez saincts Évangiles de dire vray, nous ha confessé avoir tousiours veu grant lumière au logiz de ladite femme estrangiere, entendu force rires extravagans et diabolicques aux iours et nuicts de festes et de ieusnes, notamment les iours de la sepmaine Saincte et de Nouël, comme si bon numbre de gens estoyent en ce logis. Puis ha dict avoir veu, ez croisées dudict logiz, verdes flouraisons de toute sorte, en hyver, poulsées magicquement, espécialement des roses par un temps gelif, et aultres chouses pour lesquelles estoyt besoing de grant chaleur ; mais de ce ne s'estomyroit nullement, veu que ardoyt si fort la dicte estrangiere, que, alors que elle se pourmenoyt à la vesprée au long de son mur, il treuvoyt lendemain ses salades montées, et, que, aulcunes foys, elle avoyt, par le froslement de sa iupe, faict partir la séve aux arbres et hasté les poulses. En fin de tout, nous ha ledict Cognefestu déclairé ne rien sçavoir de plus, attendu qu’il laboroyt de matin et se couchioyt en l’heure où se iuchioyent les poules.

Puis la femme dudict Cognefestu ha par nous esté requise de dire, ains après serment, les chouses venues à sa cognoissance en ce procez, et s’est bendée à ne rien advouer aultre chouse que louanges de ladicte estrangiere, pour ce que depuys sa venue son homme la traictoyt mieulx par suite du voisinaige de ceste bonne dame qui espanchioyt l’amour dedans l’aër, comme le soleil ses rais, et aultres bourdes incongreues que nous ne avons point consignées icy.

Au dict Cognefestu et à sa femme avons représenté ledict Africquain incogneu, lequel ha esté veu par eulx, ez iardins de la maison, et réputé par eulx, pour seur, estre au dict démon.


En troisiesme lieu, s’est advancé messire Harduin V, seigneur