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LE SUCCUBE.

teur du moustier, lequel l’avoyt logiée, elle qui parle, en ung taudis à luy, sis en la ruelle de Cupidon, prouche une tour de la ville. Puis, là, ce dict prebstre avoyt, à elle qui parle, longuement et trez-bien apprins les doulceurs de l’amour, dont, elle qui parle, estoyt lors de tout poinct ignorante ; auxquelles doulceurs elle avoyt moult prins goust, les treuvant de bel usaige. Puis le sire d’Amboise, l’ayant aperceue, elle qui parle, à la croisée de ce retraict, avoyt esté féru pour elle d’ung grant amour. Lors, elle qui parle, l’ayant de bon cueur aymé plus que le moyne, s’estoyt enfuie du bouge où la détenoyt, au prouffict de son plaisir, dom Marsilis. Et lors elle estoyt allée, en grant erre, à Amboise, chastel du dict seigneur, où elle avoit eu mille passe-temps, la chasse, les dances et beaulx vestemens de royne. Ung iour, le sire de la Roche-Pozay ayant esté convié par le sire d’Amboise à venir gobelotter et se resiouir, le baron d’Amboise l’avoyt faict veoir, elle qui parle, à son insceu, alors que elle sortoyt nue du bain. Ores, à ceste veue, ledict sieur de la Roche-Pozay, estant tombé de hault mal d’amour pour elle qui parle, avoyt lendemain desconfict en combat singulier le sire d’Amboise ; et, par grant violence, maulgré ses pleurs, l’avoyt, elle, emmenée en Terre Saincte où elle qui parle avoyt mené la vie des femmes bien aymées et tenues en grant respect à cause de leurs beaultez. Puis, après force adventures, estoyt, elle qui parle, revenue en ce pays, maulgré ses appréhensions de maulvais heur, pour ce que tel estoyt le vouloir de son seigneur et maistre le baron de Bueil, lequel se mouroyt de poine ez pays asiaticques et deziroyt reveoir son manoir patrial. Ores, luy avoyt, à elle qui parle, promis de la saulver de tout estrif. Lors, elle qui parle, avoyt eu foy et créance en luy, d’autant que elle l’aymoyt trez-fort. Ains,