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BERTHE LA REPENTIE.

le bonhomme se veit serré entre six hommes d’armes déterminez à le saisir. Lors il comprint que on le vouloyt vivant pour procéder à l’encontre de sa maison ; ruyner son nom et confisquer ses biens. Le paouvre sire ayma mieulx périr pour saulver sa gent et guarder les domaines à son fils ; il se deffendit comme ung vray lion que il estoyt. Maulgré leur numbre, ces dicts souldards, voyant tumbez trois des leurs, feurent contraincts d’assaillir Bastarnay au risque de l’occire, et se gectèrent ensemblement sur luy, après avoir mis ses deux escuyers et un paige à bas. En cet extresme dangier, ung escuyer aux armes de Rohan fondit sur les assaillans comme ung fouldre, en tua deux, criant : « Dieu saulve les Bastarnay ! » Le troisiesme homme d’armes, qui ià tenoyt le vieulx Bastarnay, feut si bien féru par cettuy escuyer, que force lui feut de laschier, et se retourna contre l’escuyer auquel il donna de son poignard au deffault du gorgerin. Bastarnay estoyt trop bon compaignon pour s’enfuir sans bailler secours au libérateur de sa maison, qu’il veit navré en se retournant. Lors, il deffit d’un coup de masse l’homme d’armes, print l’escuyer en travers son cheval et gaigna les champs, conduict par un guide qui le mena dedans le castel de la Roche-Foucauld, où il entra nuictamment, et treuva Berthe de Rohan dans la grant salle, qui luy avoyt moyenné ce retraict. Ains, en