Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 1, 1855.djvu/14

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maisons semblables à celle où demeurait, au moment où cette histoire commence, la famille Thuillier, une maison vraiment curieuse et qui mérite les honneurs d’une exacte description, ne fût-ce que pour comparer la Bourgeoisie d’autrefois à la Bourgeoisie d’aujourd’hui. La situation et l’aspect de cette maison, cadre de ce tableau de mœurs, ont d’ailleurs un parfum de petite bourgeoisie qui peut attirer ou repousser l’attention, au gré des habitudes de chacun.

Le mouvement progressif par lequel la population parisienne se

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porte sur les hauteurs de la rive droite de la Seine, en abandonnant la rive gauche, nuisait depuis longtemps à la vente des propriétés du quartier dit Latin, lorsque des raisons, qui seront déduites à propos du caractère et des habitudes de monsieur Thuillier, déterminèrent sa sœur à l’acquisition d’une maison : elle eut celle-ci pour le prix minime de quarante-six mille francs de principal ; les accessoires allèrent à six mille francs ; total : cinquante-deux mille francs. Le détail de la propriété fait en style d’affiche, et les résultats obtenus par les soins de monsieur Thuillier, expliqueront par quels moyens tant de fortunes s’élevèrent en Juillet 1830, tandis que tant de fortunes sombraient.

Cette maison, acquise dans les six mois qui suivirent la révolution de 1830, par mademoiselle Marie-Jeanne-Brigitte Thuillier, fille majeure, est située au milieu de la rue Saint-Dominique-d’Enfer, à droite en entrant par la rue d’Enfer, en sorte que le corps de logis habité par les Thuillier, entre cour et jardin, se trouve à l’exposition du midi.