Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 1, 1855.djvu/87

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qui tenaient une place analogue à celle des Thuillier et de Minard dans le quartier Saint-Antoine où monsieur Saillard était maire. Cardot le notaire avait présenté son prétendant en la personne de Maître Godeschal avoué, successeur de Derville, homme de trente-six ans, capable, ayant payé cent mille francs sur sa charge et que deux cent mille francs de dot acquitteraient. Minard fit congédier Godeschal en apprenant à mademoiselle Thuillier que Céleste aurait pour belle-soeur la fameuse Mariette de l’Opéra.

— Elle en sort, dit Colleville, en faisant allusion à sa femme, ce n’est pas pour y rentrer.

— Monsieur Godeschal est d’ailleurs trop âgé pour Céleste, dit Brigitte.

— Et puis, reprit timidement madame Thuillier, ne faut-il pas la laisser marier à son goût. Qu’elle soit heureuse !

La pauvre femme avait aperçu dans Félix Phellion, un amour vrai pour Céleste, un amour comme une femme écrasée par Brigitte et froissée par l’indifférence de Thuillier qui s’était soucié de sa femme moins que d’une servante, avait pu rêver l’amour : hardi dans le cœur, timide au dehors, sûr de lui-même et craintif, concentré pour tous, s’épanouissant