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dans les cieux. A vingt-trois

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ans, Félix Phellion était un jeune homme doux, candide, comme le sont les savants qui cultivent la science pour la science. Il avait été saintement élevé par un père qui prenant tout au sérieux, ne lui avait donné que de bons exemples en les lui accompagnant de maximes triviales. C’était un jeune homme de moyenne taille, à cheveux châtains clair, les yeux gris, le teint plein de taches de rousseur, doué d’une voix charmante, d’un maintien tranquille, faisant peu de gestes, rêveur, ne disant que des paroles sensées, ne contredisant personne, et surtout incapable d’une pensée sordide ou d’un calcul égoïste.

— Voilà, s’était dit souvent madame Thuillier, comment j’aurais voulu mon mari !

Vers le milieu de l’hiver de 1839 à 1840, au mois de février, le salon des Thuillier contenait les divers personnages dont les silhouettes viennent d’être tracées. On approchait de la fin du mois, Barbet et Métivier, ayant chacun à demander trente mille francs à mademoiselle Brigitte faisaient un whist avec monsieur Minard et Phellion. Une autre table réunissait Julien-l’avocat, sobriquet donné par Colleville au