Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 2, 1855.djvu/131

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la mère Cardinal devait boire son petit coup d’eau-de-vie le matin. Elle avait été belle.

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La Halle lui reprochait, dans son langage à figures hardies, d’avoir fait plus d’une journée la nuit. Son organe, pour se mettre au diapason d’une conversation honnête, était obligé d’étouffer le son, comme cela se fait dans une chambre de malade ; mais alors il sortait épais et gras de ce gosier habitué à lancer jusqu’aux profondeurs des mansardes les noms du poisson de chaque saison. Son nez à la Roxelane, sa bouche assez bien dessinée, ses yeux bleus, tout ce qui fit jadis sa beauté, se trouvait enseveli dans les plis d’une graisse vigoureuse, où se trahissaient les habitudes de la vie en plein air. Le ventre et les seins se recommandaient par une ampleur à la Rubens.

— Et voulez-vous que je couche sur la paille !… disait-elle à Cérizet. Que me font, à moi les Poupillier… Suis-je pas une Poupillier ?… Où voulez-vous qu’on les fiche, les Poupillier…

Cette sauvage sortie fut réprimée par Cérizet, qui dit à la revendeuse un de ces chût ! prolongés auquels obéissent tous les conspirateurs.