Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 2, 1855.djvu/83

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— Apportes-tu les quinze mille francs ?

— Non, mais je les ai chez moi.

— Pourquoi pas dans ta poche ? demanda très-aigrement Cérizet.

— Tu vas le savoir, répondit l’avocat qui, de la rue Saint-Dominique à l’Estrapade, avait pris son parti.

Ce provençal, en se retournant sur le gril où l’avaient mis ses deux commanditaires, eut une bonne idée qui scintilla du sein des charbons ardents. Le péril a ses lueurs. Il compta sur la puissance de la franchise qui remue tout le monde, même un fourbe. On sait gré presque toujours à un adversaire de se mettre nu jusqu’à la ceinture dans un duel.

— Bon ! dit Cérizet, les farces commencent.

Ce fut un mot sinistre qui passa tout entier par le nez en y prenant une horrible accentuation.

— Tu m’as mis dans une position magnifique, et je ne l’oublierai jamais, mon ami, reprit Théodose avec émotion.

— Oh ! comme c’est ça !… dit Cérizet.

— Ecoute-moi ; tu ne te doutes pas de mes intentions ?