Page:Balzac - Une rue de Paris et son habitant, 1845.djvu/20

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Marmus interpellait les statues, qui d’ailleurs ressemblent à tous les auditoires : il n’en est pas un en France auquel toute marque d’improbation ou d’approbation ne soit défendue, et cette loi nous paraît excellente ; car, autrement, il n’y a pas d’auditoire qui ne deviendrait l’orateur.

Au pont d’Iéna, Marmus éprouva des tiraillements d’estomac ; il entendit la voix enrouée d’un fiacre, il se crut malade, fit un signe, et se laissa mettre en voiture. Il s’y établit.

Quand le cocher demanda : « Où allons-nous ? » il répondit tranquillement :

— Chez moi.

— Où, chez vous, monsieur ?

— Numéro 3.

— Quelle rue ?

— Ah ! vous avez raison, mon ami. Mais voilà quelque chose d’extraordinaire, dit-il en prenant le cocher pour confident, je me suis tant occupé de la comparaison des hyoïdes, des caraçoïdes chez les… (oui, c’est là que je pincerai Sinard en flagrant délit ! à la prochaine séance de l’Académie, il mettra les pouces… Il sera forcé de se rendre à l’évidence).

Le cocher s’était enveloppé dans son carrick en loques, avec résignation, il se disait :

— J’ai vu bien des bourgeois ; mais !…

En ce moment, il entendit :

— À l’Institut.

— À l’Institut, notre maître ?

— Oui, mon ami, ce sera en plein Institut.