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Paris, ce 29 septembre 1839.
Mon cher monsieur Gavarni,

Vous me demandez mon avis sur l’affaire Peytel. Que vous dirai-je ? Quand il y a de la femme, c’est-à-dire de l’amour, dans un crime, c’est un tissu dont la trame échappe aux plus clairvoyants. On croit en tenir le fil parce qu’on en tient la matière. La matérialité d’un fait n’en constitue pas la vérité. Que parlez-vous des débats judiciaires ! Un débat judiciaire n’est à mes yeux qu’un mensonge juridique à plusieurs degrés. L’accusé ment à l’avocat ; l’avocat ment à la justice ; les journaux mentent au public. Comment voulez-vous que la vérité se fasse jour jusqu’à nous à travers ces mensonges croisés ? Aussi nous demeure-t-elle plus obscurément cachée au Palais que dans son puits. Ce n’est que sous les verrous, et après la condamnation, qu’on peut parvenir à la trouver. Encore faut-il être très-expert pour cela. C’est ainsi que j’ai appris la vérité dans l’affaire Laroncière et dans beaucoup d’autres tissées d’amour, que vous croyez connaître par les journaux et que vous ne connaissez pas du tout.

C’est ainsi que vous-même avez découvert la vérité enfouie au fond du cachot de Peytel. Balzac a fait sortir de ce cachot des clartés éblouissantes… Mais, vous le dirai-je ! malgré l’immense talent de dialecticien et de juriste qu’il vient de développer, dans le Siècle, pour la défense de votre malheureux ami, je crains que, sous sa plume, la vérité ne s’imprègne de l’atmosphère natale du roman. Plus d’un avocat déteint sur la cause qu’il plaide. D’ailleurs, il est trop tard… Et puis, loin de la sauver, celui qui fait une révélation tardive ne fait qu’achever de la perdre, au contraire, lorsqu’au sang versé de la victime il ajoute, après coup, une tache, même méritée, qui salit sa mémoire. C’est le cas de Peytel. La vérité ne peut plus le sauver. Un mensonge le tuera.

Moreau-Christophe.

TOME IV.

Études historiques et politiques.

CCXXIV. Du Droit d’aînesse. Publié pour la première fois en une brochure in-8o signée « par M. D… » en février 1824, chez Delonchamps, Dentu et Petit.

CCXXV. Histoire impartiale des jésuites. Publié pour la première fois, anonyme, en avril 1824, un volume petit in-18, chez Delongchamps.

CCXXVI. Lettres sur Paris. Ces lettres, au nombre de dix-neuf et