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trente-six

Tu sais aussi confire les cédrats
Et rendre nets les planchers et les draps
Comme faisaient ta mère et ta marraine ;
Mais je te vois bâiller aux opéras
D’un vaillant cœur, ô ma bonne Lorraine.

Pour la douleur dont j’ai souvent gémi,
Elle s’enfuit, vision mensongère !
Grâce à toi seule et sous ton souffle ami,
Elle s’en va d’une aile passagère,
Et je l’oublie ainsi qu’une étrangère.
Vrai médecin, ignorant le fatras,
(Car tu guéris mon mal, sans embarras,
En le domptant par ta vigueur sereine,)
Pour le charmer, tu me prends dans tes bras
D’un vaillant cœur, ô ma bonne Lorraine.

Envoi.

Chère âme en feu, qui me transfiguras,
Que le bonheur, sans nous trouver ingrats,
Devant nos pas comme un collier s’égrène.
Je t’aimerai, comme tu m’aimeras,
D’un vaillant cœur, ô ma bonne Lorraine.


Juillet 1869.