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trente-six

Sa main d’enfant, par les lys jalousée.
Dans les rameaux, sur la rive opposée,
Semblant alors égrener sur le sol
Sa strophe d’or de mille feux croisée,
Au fond des bois chante le rossignol.

Ils parlent bas, et la brise furtive
Touche leurs fronts délicieusement.
Pâle de joie et cependant craintive,
La bien-aimée, au bord du flot dormant,
Vient, et se penche au bras de son amant.
L’aile du feu des astres arrosée,
Et frémissante et par le vent baisée,
Fier, célébrant son triomphe, le col
Dans la lumière et baigné de rosée,
Au fond des bois chante le rossignol.

Envoi.

Le chant éclate en brillante fusée,
Et, s’enivrant de lumière irisée,
L’oiseau dérobe aux cieux, par un doux vol,
Les traits divins de son hymne embrasée.
Au fond des bois chante le rossignol.


Juillet 1869.