Page:Banville - Œuvres, Les Exilés, 1890.djvu/187

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
175
LES EXILÉS


Des rimeurs plaintifs qui savent encore
Éveiller le luth sonore.

Ils diront comment tu fus notre sœur
Par l’enfantine douceur,

Et comment ta voix eut l’attrait magique
D’une suave musique.

Amédine ! Aux champs tout la saluait,
L’églantine et le bleuet !

Oh ! rien qu’en disant ce nom d’Amédine,
Je la revois enfantine

Et riante ; l’air baisait son bras nu ;
Son petit cœur ingénu

Dans la forêt verte, où rit la pervenche,
Soulevait sa robe blanche.

Elle était la joie, elle était l’orgueil
De sa mère, que le deuil

Entoure à présent de crêpes funèbres !
Ah ! coulez dans les ténèbres,

Pleurs désespérés, pleurs silencieux !
Quand les étoiles aux cieux