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trice, elle peut être à son gré, et toujours avec style ! une vierge ou une courtisane, ou, ce qui est le dernier mot de l’art et de la vie, une dame parisienne. Lorsqu’elle joua dans La Princesse Georges le rôle de Madame de Terremonde, elle avait mis sur elle des tas de diamants et des tas de grosses fleurs de toutes les couleurs, comme pourrait le faire une dame de la Halle deux ou trois fois millionnaire qui voudrait étonner ses voisines, et avec cela elle était simple ! Les cheveux d’un blond célèbre ; le front large et lisse ; les sourcils droits, plus foncés que les cheveux ; les yeux bleus, pleins de regards et de profondeur, malgré ce bleu, qui est non pas froid et mort comme le pâle azur des prunelles de dompteur, mais étincelant comme le soleil dans la mer Tyrrhénienne ; le nez droit et fin, projeté en avant, avec les narines très-fines, transparentes et d’un rose nacré, et (caractère très-remarquable et délicieusement étrange !) une petite fente sur le bout du nez, très-nette et très-accusée ; la bouche discrète et rose ; les dents très-