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sant, et ce teint brun avive le gris bleu de ses yeux résolus et caressants, bien encadrés par l’arcade des sourcils. Le même hâle couvrait le maigre visage du Premier Consul, à qui Coppée aurait ressemblé, s’il l’avait voulu ; mais avec la délicatesse d’un lyrique dont l’âme répugne à toute allusion trop attendue, il a résolument coupé ses longs cheveux droits, pour éviter ce lieu commun. Le nez un peu fort, aux arêtes accentuées, aurait occupé Grandville, qui, à toute force, voulait trouver dans chaque homme la ressemblance d’un animal, car il aurait évoqué dans son cerveau l’idée d’un svelte et fringant cheval arabe. Le visage de François Coppée est vraiment ovale, ce qui est plus rare qu’on ne pense, et sa bouche bien dessinée et charmante est tout à fait celle du jeune homme qui parle une langue harmonieuse. Sa tête presque toujours inclinée en avant, a en général une expression triste, que parfois éclaire et déchire, en dépit de tout, le confiant sourire de la jeunesse, et pour dernier trait, j’ajouterais, si ce