Page:Banville - La Lanterne magique, 1883.djvu/222

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taine des archers de l’ordonnance du roi, ce très-beau jeune homme au petit front droit et bien modelé, à la forte chevelure bouclée et ondoyante, au grand œil volontaire, au nez énergique et régulier, montre le sourcil dru, les grands cils féminins, la moustache caressante, les lèvres pourprées et gracieuses, le menton césarien, le col tragique et vigoureux des dompteurs de femmes. Il est, à Paris, un personnage aussi rigoureusement légendaire que Tristan ou le roi Arthur. La Fortune aussi est devenue amoureuse de lui. En 48, au foyer de la Comédie-Française, deux femmes illustres jouaient aux cartes pour savoir laquelle des deux lui dirait la première : « Cher Seigneur, je t’aime. » Il descend de Waïffer, duc d’Aquitaine.


20. — MADAME MANOËL DE GRANDFORT

Ici, nous sommes en pleine mythologie. Madame Manoël de Grandfort, dont les cheveux crespelés cachent à demi une bandelette de pourpre, est coiffée et a raison d’être coiffée comme Ploutô aux grands yeux, Télestô au péplos couleur de safran, ou Doris aux beaux cheveux, cette fille du superbe fleuve Océan. Le front bas, le sommet de la tête très-arrondi, les beaux grands yeux à fleur de tête, que protège la ligne inflexible du sourcil, le nez d’une coupe grecque, la bouche placidement souriante, le menton superbe, le cou qui avec les épaules, forme une