Page:Banville - La Lanterne magique, 1883.djvu/277

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CAMÉES PARISIENS. 2G1 . — MARIE DE LA PORTE Dans l'aimable tête de cette ingénue de théâtre, sans afféterie, simple, d'un charme mille fois plus pénétrant que le — joli — vulgaire, n'y-a-t-il pas avec celle de la grande dame que j'exquissais tout à l'heure quelque chose comme un rapport vague, fugitif, très vrai pour- tant, dont l'artiste a le droit de s'emparer? Oui, en leur âpre saveur, ces deux natures où domine la pensée, qui si rapidement transforme, transfigure, éclaire, de loin se rappellent l'une l'autre et sont de la même famille; sans compter que lorsqu'il plaît à Meilliac de vêtir de robes triomphantes la jeune fille qui, elle aussi, a le droit d'être simple, elle porte avec la plus belle aisance magistrale ces joyaux, ces pierreries, ces rubans exces- sifs, ces flots de lourdes étoffes ruisselantes, — car en ces matières, qui peut le moins peut le plus; et, quand on a su être reine et duchesse avec une robe unie et des cheveux en bandeaux, n'est-ce pas un jeu enfantin d'en- noblir les dentelles aériennes, les ruches, les rubans d'or, les nœuds d'émeraude et les lourds damas de pourpre vermeille !