Page:Barbara - L’Assassinat du Pont-Rouge, 1859.djvu/177

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une mer incessamment battue par des vents contrariés ; ses jours n’étaient plus qu’une véritable agonie ; on s’attendait d’heure en heure à lui voir rendre l’âme. Ses douleurs lui arrachaient des plaintes navrantes ; il suppliait qu’on le jetât à la mer, ou tout au moins qu’on le déposât sur un rivage quelconque. Le capitaine en eut pitié. Il supposa que deux ou trois heures de terre calmeraient un peu les souffrances de ce misérable. On relâcha à la hauteur d’une île inculte, de facile abord, qui sépare l’espace compris entre le nouveau monde et l’Europe en deux longueurs à peu près égales.

Des rameurs conduisirent le capitaine et Clément au rivage. Ces deux derniers mirent pied à terre et s’avancèrent dans l’île en gravissant lentement la rampe d’un monticule à l’ombre duquel ils disparurent bientôt. Deux heures environ s’écoulèrent. Le soleil se couchait déjà, qu’ils n’étaient pas encore de retour. Ceux qui les avaient amenés jugeaient prudent d’aller à leur rencontre. La silhouette du capitaine se dessina tout à coup sur le disque du soleil couchant. Il était seul. Il courait. En deux enjambées il rejoignit ses hommes. Clément venait de mourir subitement comme s’il eût été frappé de la foudre.

Le capitaine fit dresser un procès-verbal de cette mort et des circonstances qui l’avaient accompagnée. Clément était d’une faiblesse extrême ; il pouvait