Page:Barbey d'Aurevilly-Les diaboliques (Les six premières)-ed Lemerre-1883.djvu/363

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qu’il avait trouvée dans sa gorge ; et j’y comptai bien une douzaine d’hosties que, malgré ses cris et ses ruées, car elle se rua sur nous comme une furie, je fis jeter immédiatement dans l’auge aux cochons.

Et il s’arrêta faisant jabot, pour une si belle chose, comme un pou sur une tumeur qui se donnerait des airs.

— Vous avez donc vengé messieurs les porcs de l’Évangile, dans le corps desquels Jésus-Christ fit entrer des démons, — dit le vieux M. de Mesnilgrand de sa sarcastique voix de tête. — Vous avez mis le bon Dieu dans ceux-ci à la place du Diable : c’est un prêté pour un rendu.

— Et en eurent-ils une indigestion, monsieur Reniant, ou bien les amateurs qui en mangèrent ? — demanda profondément un hideux petit bourgeois nommé Le Hay, usurier à cinquante pour cent de son état, et qui avait l’habitude de dire qu’en tout il faut considérer la fin.

Il y eut comme un temps d’arrêt dans ce flot d’impiétés grossières.

— Mais toi, tu ne dis rien, Mesnil, de l’histoire de l’abbé Reniant ? — fit le capitaine Rançonnet, qui guettait l’occasion d’accrocher n’importe à quoi son histoire de la visite de Mesnilgrand à l’église.

Mesnil ne disait rien, en effet. Il était ac-