Page:Barbey d'Aurevilly-Les diaboliques (Les six premières)-ed Lemerre-1883.djvu/369

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couleur de celui-ci ! Et j’entrai dans leur boutique à messes… Malheureusement, il y faisait noir comme dans la gueule de l’enfer. On y marchait et on y trébuchait sur de vieilles femmes à genoux, qui y marmottaient leurs patenôtres. Impossible de rien distinguer devant soi, lorsqu’à force de tâtonner pourtant dans cet infernal mélange d’obscurité et de carcasses de vieilles dévotes en prières, ma main rattrapa mon Mesnil, qui filait déjà le long de la contre-allée. Mais, croirez-vous bien qu’il ne voulut jamais me dire ce qu’il était venu faire dans cette galère d’église ?… Voilà pourquoi je vous le dénonce aujourd’hui, messieurs, pour que vous le forciez à s’expliquer.

— Allons, parle, Mesnil. Justifie-toi. Réponds à Rançonnet, — cria-t-on de tous les coins de la salle.

— Me justifier ! — dit Mesnil, gaîment. — Je n’ai pas à me justifier de faire ce qui me plaît. Vous qui clabaudez à cœur de journée contre l’Inquisition, est-ce que vous êtes des inquisiteurs en sens inverse, à présent ? Je suis entré dans l’église, dimanche soir, parce que cela m’a plu.

— Et pourquoi cela t’a-t-il plu ?… — fit Mautravers, car si le Diable est logicien, un capitaine de cuirassiers peut bien l’être aussi.

— Ah ! voilà ! — dit Mesnilgrand, en riant. — J’y allais… qui sait ? peut-être à confesse. J’ai du