Page:Barbey d'Aurevilly-Les diaboliques (Les six premières)-ed Lemerre-1883.djvu/387

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pour la première fois de sa vie, lui, le Lauzun de garnison, le fat le plus carabiné et le plus fastueux, et qu’à Naples, rapportaient des officiers qui l’y avaient connu, on appelait le tambour-major de la séduction ! Sa beauté, dont il était si vain, aurait fait tomber toutes les filles d’Espagne à ses pieds, qu’il n’en eût pas ramassé une. À cette époque, nous étions sur les frontières de l’Espagne et du Portugal, les Anglais devant nous, et nous occupions dans nos marches les villes les moins hostiles au roi Joseph. Le major Ydow et la Rosalba y vivaient ensemble, comme ils eussent fait dans une ville de garnison en temps de paix. Vous vous souvenez des acharnements de cette guerre d’Espagne, de cette guerre furieuse et lente, qui ne ressemblait à aucune autre, car nous ne nous battions pas ici simplement pour la conquête, mais pour implanter une dynastie et une organisation nouvelle dans un pays qu’il fallait d’abord conquérir. Aucun de vous n’a oublié qu’au milieu de ces acharnements il y avait des pauses, et que, dans l’entre-deux des batailles les plus terribles, au sein de cette contrée envahie dont une partie était à nous, nous nous amusions à donner des fêtes aux Espagnoles le plus afrancesadas des villes que nous occupions. C’est dans ces fêtes que la femme du major Ydow, comme on disait, déjà fort