Page:Barbey d'Aurevilly-Les diaboliques (Les six premières)-ed Lemerre-1883.djvu/448

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sur les Espagnes : Castille, Aragon, Transtamare, Autriche et Bourbon ?… Il est, dit-il, plus ancien qu’elles. Il descend, lui, des anciens rois Goths, et par Brunehild il est allié aux Mérovingiens de France. Il se pique de n’avoir dans les veines que de ce sangre azul dont les plus vieilles races, dégradées par des mésalliances, n’ont plus maintenant que quelques gouttes… Don Christoval d’Arcos, duc de Sierra-Leone et otros ducados, ne s’était pas, lui, mésallié en m’épousant. Je suis une Turre-Cremata, de l’ancienne maison des Turre-Cremata d’Italie, la dernière des Turre-Cremata, race qui finit en moi, bien digne du reste de porter ce nom de Turre-Cremata (tour brûlée), car je suis brûlée à tous les feux de l’enfer. Le grand inquisiteur Torquemada, qui était un Turre-Cremata d’origine, a infligé moins de supplices, pendant toute sa vie, qu’il n’y en a dans ce sein maudit… Il faut vous dire que les Turre-Cremata n’étaient pas moins fiers que les Sierra-Leone. Divisés en deux branches, également illustres, ils avaient été, durant des siècles, tout-puissants en Italie et en Espagne. Au quinzième, sous le pontificat d’Alexandre VI, les Borgia, qui voulurent, dans leur enivrement de la grande fortune de la papauté d’Alexandre, s’apparenter à toutes les maisons royales de l’Europe, se dirent nos parents ; mais les Turre-Cremata