Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 1.djvu/77

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C’est un logogriphe, c’est un hiéroglyphe, c’est un casse-tête chinois, et peut-être est-ce tout cela qui fait sa puissance ! Depuis quelque temps, j’ai cessé de la voir, mais je l’ai vue beaucoup autrefois, de manière que je puis bien la revoir encore. Seulement, je ne crois pas avoir à vous donner les détails dont vous êtes friande et que vous avez promis à madame la marquise de Flers.

— Hypocrite ! — fit encore l’astucieuse comtesse, en lui lançant deux regards d’une date reculée, presque tendres, et qui prenaient en écharpe la fatuité de l’ancien cavalier servant. — Est-ce que vous ne découvririez pas la pierre philosophale, si vous le vouliez ?

— Enfin, j’essaierai ! — dit le vicomte, divinisé par l’idée que la comtesse avait de lui. — Dans tous les cas, du reste, j’apprendrai à la señora le mariage prochain de mademoiselle de Polastron et de M. de Marigny, et je compte sur un fier tapage.

— Si le tapage — reprit la comtesse — peut empêcher le mariage, vous m’aurez donné mon dernier plaisir. » — Et elle lui tendit la main, en appuyant sur ce mot, que la discrète délicatesse du vicomte n’osa relever, mais qu’il comprit. Il baisa cette main avec la douceur du souvenir, prit sa canne et s’en alla chez la señora Vellini.