Page:Barbey d’Aurevilly – Le Chevalier Des Touches, 1879.djvu/133

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ment sur les bois ; tel était le plan, simple et hardi, convenu à Touffedelys, mais que l’aspect de la prison pouvait cependant modifier.

— Hure de saumon ! je le crois bien ! fit en s’exclamant le baron de Fierdrap ; je la connais, votre prison, mademoiselle. J’ai eu longtemps à Avranches un vieux compagnon de l’armée de Condé, qui s’appelait le chevalier de la Champagne, lequel, revenu au pigeonnier comme moi, et n’ayant plus de poudre à brûler, s’était mis à aimer les vieilles pierres, comme, moi, je me suis fourré à aimer le poisson. Eh bien, c’est à lui que je dois ma connaissance de la prison d’Avranches, car il m’a assez trimballé, le damné maniaque d’antiquaire qu’il était ! par les escaliers en colimaçon de cette forteresse, pour que je me la rappelle parfaitement, et que les jambes me chantent encore une chansonnette en pensant à la hauteur de ses deux tours qui résisteraient, Dieu me pardonne ! à du canon.

— Oui, reprit mademoiselle de Percy, ces deux tours étaient formidables. Reliées ensemble par d’anciens bâtiments, faisant poterne, elles étaient flanquées de constructions, d’une date plus récente, qui, certes, n’auraient pas résisté à une attaque vigoureusement poussée, mais avec les tours ! les massives tours qui les