Page:Barbey d’Aurevilly – Le Chevalier Des Touches, 1879.djvu/235

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N’a qu’un soldat, seulement…
C’est une fille un peu fière !
Plan, r’lantanplan ! r’lantanplan, plan, plan !

Le baron avait allumé, comme l’abbé, sa lanterne, et tous les trois ils reconduisirent pompeusement jusqu’à son couvent mademoiselle Aimée, à laquelle, par déférence pour une telle pensionnaire, les Dames Bernardines avaient accordé la permission de rentrer tard. L’abbé, sa sœur et le baron étaient plus ou moins impressionnés par cette histoire d’un des héros de leur jeunesse, mais ils l’étaient moins à coup sûr qu’une autre personne qui était là, et dont je n’ai rien dit encore. Dans l’attention qu’ils donnaient à ce qu’ils disaient, ils l’avaient oubliée et j’ai fait comme eux… Cette autre personne n’était qu’un enfant, auquel ils n’avaient pas pris garde, tant ils étaient à leur histoire ! et lui, tranquille sur son tabouret, au coin de la cheminée, contre le marbre de laquelle il posait une tête bien prématurément pensive. Il avait environ treize ans, l’âge où, si vous êtes sage, on oublie de vous envoyer coucher dans les maisons où l’on vous aime ! Il l’avait été, ce jour-là, par hasard peut-être, et il était resté dans ce salon antique, regardant et gravant dans sa jeune mémoire ces figures comme on n’en voyait que