avait écrit le vers qui devait égarer l’opinion et plus tard changer la tactique :
Le Français qu’on attaque est à demi vaincu.
Et ce mot, semé partout comme une dent de Cadmus,
nous avait donné des ennemis en masse et une foule
d’insolences à vaincre. On se le rappela certainement
quand les Coalitions marchèrent sur nous, aux jours
funestes, et, d’ailleurs telle était la popularité de celui
qui l’avait écrit de sa plume insultante qu’il nous démoralisa
par son insulte, en nous persuadant que nous
la méritions. Au risque de compromettre le Dei gesta
per Francos, nous crûmes un moment, tant l’influence
de certains mots est puissante ! tant l’esprit humain
se fait un magnifique bonnet d’une sottise ! que nous
ne pouvions être rien de plus que les prime-sautiers du
champ de bataille. L’Empire eut de si grands revers
après de si prodigieuses victoires, que le mot de Voltaire
resta toujours, — même après Napoléon, —
comme s’il était une vérité. Eh bien, heureusement,
aujourd’hui ce mot n’est plus ! Il est raturé. On y a
répondu ! Notre patience sous les murs de Sébastopol
est un fleuron de plus ajouté à notre couronne militaire.
Ni la peste, ni les hivers, ni les tempêtes, ni le climat d’une ville perpétuellement ravitaillée, ni des soldats cuirassés de leurs murailles de granit et qui réalisent le mot sublime de l’Empereur à Eylau :