Page:Barbey d’Aurevilly - À côté de la grande histoire, 1906.djvu/121

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profondément les cours d’outre-Rhin, nous donne les détails les plus scandaleux et les plus difficiles à récuser. Ces affreuses petites cours d’Allemagne, gouvernées par des évêques mariés (comme l’évêque d’Osnabruck, qui devint plus tard électeur de Hanovre), préludaient fort bien, et mieux que la France elle-même, à ce XVIIIe siècle qui allait commencer et qui devait achever l’œuvre de dissolution de Henri IV et de Louis XIV. En effet, déjà de 1695 à 1700, lorsque Louis XIV penchait à son déclin, mais remplissait encore tout de l’éclat de sa gloire, l’Allemagne, anticipant sur l’avenir de presque la moitié d’un siècle, pullulait de Louis XV obscurs, pires de cynisme et de débauche que le roi futur du Parc aux-Cerfs. Toujours rêveuse et toujours imitatrice, l’Allemagne se rêvait France quand elle imitait les vices de la cour du grand roi, et elle en exagérait le scandale, comme, plus tard, elle prit les idées de la philosophie française, et en exagéra les conséquences pour s’en faire une originalité. On conçoit que ce dut être affreux. Au moins, Louis XIV, qui transgressa la loi sociale de la famille, — le plus grand crime politique de sa maison, — avait gardé la foi chrétienne et forçait les vices de son temps même les siens) à l’hypocrisie. Mais tous ces principicules allemands, qui jouaient au Louis XIV avec la rage de leur petitesse et de leur insignifiance, dans des Versailles de paravent, taillés sur le modèle du vrai Versailles, ne forçaient, eux, que le trait des