Page:Barbey d’Aurevilly - À côté de la grande histoire, 1906.djvu/177

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tresses du Régent (de Lescure l’a annoncée) et se fasse l’éditeur de La Grange-Chancel, cela pourrait étonner même dans un pays où tout arrive, car ceci semble plus que tout. Cependant, disons-le à l’honneur de de Lescure, quel qu’il soit, nous le croyons, malgré le choix de ses sujets, un serviteur de la vérité dans l’histoire plutôt que du XVIIIe siècle. Au ton de son livre il nous est impossible de le confondre avec les idolâtres de ce temps. Il s’en distingue par du bon sens, de la critique et la volonté ferme d’être impartial. Je crois bien qu’il a, lui aussi, la préoccupation de diminuer (mais en tant que de raison) les fautes et les crimes de cette époque comme il a diminué le poids horrible qui écrase la mémoire du Régent quand il a détruit, par une discussion sévèrement menée, ces accusations épouvantables d’empoisonnement et d’inceste que La Grange-Chancel ne craignit pas d’articuler. Mais, cela ôté, — et nous l’ôtons nous-même, — il y a, certes ! assez encore à la charge du Régent et de son époque pour justifier la satire de La Grange-Chancel, s’il avait eu du génie, et pour résister à la critique allégeante de de Lescure, aurait-il eu, lui, dix fois plus de talent qu’il n’en a montré !

Mais malheureusement (et tout est là !) La Grange-Chancel n’avait pas de génie et fut le contraire d’un grand poète. Rhéteur, déclamateur, et par-dessus imitateur, — imitateur avec bassesse, — n’ayant ni une idée supérieure, ni entrailles, ni sincérité d’aucune