Page:Barbey d’Aurevilly - À côté de la grande histoire, 1906.djvu/301

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Raczynski sur le Roi de Prusse, qui le voulait bien pour son serviteur d’apparat et d’étiquette, mais qui ne suivait pas ses conseils. Partis d’un même principe, ils ne s’entendaient plus dans leurs conclusions différentes sur l’avenir du monde, titubants, incohérents et contrastants par tout ce qu’il y a de plus opposé dans l’âme des hommes : le désespoir et l’espérance ! Le désespéré, c’était Donoso, le plus ardent, le plus religieux, le plus saint des deux, que Guizot, qui avait ses raisons pour ne pas vouloir de prophètes, appelait, par dérision, un Jérémie ; et l’espérant, c’était Raczynski, lequel persiste (dit-il dans sa Correspondance) à croire « que le jour viendra où la France tendra les mains vers Henri V », mais sans donner de cette foi une seule raison historique, et qui a espéré non pas jusqu’à la fin, mais sans fin, et qui a vu la fin de sa vie avant la fin de son opiniâtre espérance !


IV

Tel ce livre, si on peut appeler ces fragments un livre, qui se nomme les Deux Diplomates, titre pour le livre comme pour les hommes qui le portent, — un titre et rien dessous !… Dans ce livre, où il n’est pas question une seule fois du moindre traité conclu ou