Page:Barbey d’Aurevilly - À côté de la grande histoire, 1906.djvu/321

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


VI


Les fouilles dans les papiers de Saint-Simon continuent au ministère des affaires étrangères, et voici pour la seconde fois Faugère qui remonte de ce puits, son seau plein. Il le verse dans un volume de cette édition Hachette dans laquelle il n’est pour rien, bien entendu, et n’intervient que par de faibles et pâles préfaces. On n’est pas plus nain en parlant d’un colosse ! Contraste charmant ! Cela rappelle le petit poisson au nez du requin ; mais le petit poisson y voit clair, et Faugère n’y voit goutte. — Ce volume prouvera, du reste, une fois de plus, que la supériorité d’un homme, quand il est supérieur, se retrouve partout. Ce ne sont guères là, à proprement parler, que deux Mémoires, — deux simples Mémoires à consulter, au dossier d’un procès perdu sans avoir été jugé, comme tant d’autres procès ! Mais l’homme de ces Mémoires est un immense Avocat, qui grandit démesurément les causes qu’il plaide : c’est Saint-Simon ! Et il se trouve aussi que ces deux Mémoires sont à eux deux l’histoire la plus pénétrée et la plus profonde, en sa généralité, de la Monarchie française dans son institution et ses mœurs. Ni Boulainvillers, ni Dubost, ni Montesquieu lui-même, ni personne, n’a parlé de la