Page:Barbey d’Aurevilly - À côté de la grande histoire, 1906.djvu/351

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

a dit spirituellement qu’avec cette clé on n’entre jamais que chez soi. Et, malheureusement, il y est trop resté, — chez soi. Il n’en est pas assez sorti pour rentrer dans l’idée du catholicisme et pour la comprendre, comme doit la comprendre même l’homme qui fait l’histoire de sa défaite. Pour mon compte, je maintiens qu’il n’y a qu’un catholique qui puisse écrire profondément et intégralement l’histoire de Philippe II et de son siècle, et encore un catholique assez fort (cherchez-le dans le personnel du catholicisme actuel et trouvez-le si vous le pouvez !) pour écrire la vérité, l’épouvantable vérité qui le désole, mais sans le faire trembler dans la moindre des incertitudes de sa foi.

II

Et, en effet, pour cet historien catholique qui n’est pas venu, comme pour l’historien politique que voici, le siècle de Philippe II — il faut bien en convenir ! — fut un temps affreux. Il ne le fut pas qu’en Espagne, il le fut en France, en Angleterre, en Italie, en Allemagne, dans les Flandres, partout ! Ce fut une époque exécrable. Quelques têtes éprises de la force, comme celle de Stendhal, par exemple, qui aimait mieux le brigandage que la civilisation, et qui avait rêvé d’écrire