Page:Barbey d’Aurevilly - À côté de la grande histoire, 1906.djvu/61

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plutôt au sentiment qui circule, dans ce triste livre, de la première page jusqu’à la dernière, à cette gausserie frivole qui y remplace la sévérité et la majesté du jugement. Touché et séduit par l’idée qu’il eût pu, s’il avait vécu de son temps, étaler ses aiguillettes et ses canons à côté de la robe bouffante de madame de Fiesque ou de la marquise de Sablé, Paulin Paris n’a pas un mot profond, grave et vrai, sur ce XVIIe siècle qui attend toujours son juge, et qui, pour des raisons diverses, impose à tant de gens, tous plus ou moins compromis dans cette conspiration contre l’Histoire qui dure depuis deux cents ans et que de Maistre a dénoncée, mais sans pouvoir la faire condamner.

En effet, dans le livre de Tallemant, comme dans la réalité du reste, le XVIIe siècle est la préparation du XVIIIe. Il est le père de cet Enfant Prodigue qui a vécu parmi les pourceaux, et qui, plus mauvais que le fils prodigue des Saintes Écritures, ne reviendra jamais à la maison paternelle, car il l’a détruite de ses propres mains. Malgré la beauté de ses attitudes et le diadème de toutes ses gloires, variées comme les feux du diamant, et qu’il porte sur le front de son Louis XIV, le XVIIe siècle n’est pas seulement coupable des crimes et des vices du XVIIIe, en vertu de la solidarité qui lie entre elles les générations. Si l’affection ne remonte pas des fils aux pères, les crimes remontent comme ils descendent. Le XVIIe siècle est, de plus, coupable du chef de ses vices à lui-même. Il a ses excès,